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14 septembre 2015

Exposition d’objets tissés à Abomey : Le palais du roi Agonglo révèle ses talents

Parasol, hamac, nappe de table, drap de lit, siège, balançoire, couvre lampe électrique, chapeau, sac, porte-monnaie et autres objets utilitaires sont le résultat des vingt-huit jours de tissage en atelier au palais royal d’Agonglo à Abomey. Un mois de manipulation de fibre du coton en association par endroit avec du fer, des brindilles de balai, des vêtements usagers recyclés… Un mois d’ensemencement de la technicité belge mariée au savoir-faire béninois pour une récolte excellente. Grâce à un projet qui réunit pour la troisième fois tisserands béninois et belges, le tissage de type authentiquement traditionnel a évolué vers une modernité touchante. On n’assiste plus dans ce quartier général des tisserands à des œuvres fabriquées de père en fils sans valeur ajoutée.

Mais pour en arriver là, il a fallu un accord entre l’association D Sign de la Belge Martine Boucher et l’Association pour la valorisation et la promotion du tissage traditionnel d’Abomey (Avptta) du Béninois Constant Adonon. L’Avptta a pensé le projet et D Sign a recherché le financement. L’ensemble a donné le projet intitulé ‘’Ateliers africains du design’’. Et pour l’édition de cette année, ils ont mobilisé autour du projet douze tisserands béninois puis quatre tisserandes et designers belges. On peut citer, entre autres, Guy Adonon, Paul Ahokpè, Georges Ahokpè, Roland Atindébakou, Clotilde Djakpo, Léonie Adjèhounou, Emmanuel Affossogbé, Alexis Sèhoun, Ernest Azonanhin, Pauthin Gangbè, Elie Houmounon, Christophe Agbodjananfa, Johanna Bramble, Estelle Chatelin, Virginie Moly, Eve Wolfs…

Les œuvres réalisées au cours de cet atelier sont d’une qualité esthétique irréprochable. Les populations, massivement sorties, l’ont constaté. Des spécialistes des rythmes Akonhoun et Agbotchébou l’ont célébré à travers chants, danses et chorégraphies. L’occasion du vernissage des œuvres a été également un véritable moment de joie et de partage de mets typiquement locaux.

Mme Martine Boucher et Constant Adonon, les principaux porteurs du projet, ont promis rééditer l’expérience l’année prochaine et ce sera ainsi la quatrième édition du brassage bénino-belge dans le domaine du tissage au palais du roi Agonglo.

Fortuné SOSSA

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25 mars 2013

Exposition : Tout aux couleurs féminines à la galerie Abc

« Je prends la parole ». Ce texte poétique de Maya Angelou, déclamé pendant le vernissage de l’exposition « Femmes du monde », rime bien avec le contenu des œuvres. La femme prend la parole depuis ce 21 mars à la galerie Abc de Carole Borna à Cotonou. La femme se mire dans toute sa splendeur sous le charme du décor intérieur de l’espace Abc. Nock, Williams, Paako, Ousmane Sow, Azon Badé, Koblanc, Ayev Médjev et Midy sont les artistes dont les œuvres font l’ossature de cette exposition. A l’origine, l’épouse du Premier ministre, Mme Koupaki. C’est elle la propriétaire des œuvres. Elles ont été triées dans sa galerie, Girot, sis au centre commercial Erevan.

Et le tri est fait de manière très classique. On découvre sur certaines toiles des paysannes, sur d’autres des intellectuelles. En sommes, toutes les catégories de femmes se lisent à travers les tableaux et les sculptures qui meublent cette exposition. Des femmes ordinaires, des femmes très stylées, des femmes fines, obèses, fortes, courtes, la poitrine généreuse par endroit. Un peu de tout pour conclure qu’il s’agit bien des ‘’femmes du monde’’.

Dans cette exposition, le figuratif paraît dominant. Les artistes exposés donnent dans un style de ‘’dé-construction’’ assez professionnel. Sur des toiles, la femme apparaît, filiforme, éraflée au pinceau, à peine visible aux yeux, mais très présente dans l’expression artistique. Mais, sur d’autres supports, elle est très visible. Pas besoin, d’écarquiller les yeux, d’observer longuement. Elles sont bien présentes, en gros plan, à travers les sculptures surtout.

L’exposition semble prolonger la célébration de la journée internationale de la femme, journée célébrée le 08 mars de chaque année. Mieux, les œuvres donnent à voir un appel à une véritable émancipation de la femme. Cette émancipation qui prend en compte le respect des différentes lois de la République. La déclamation poétique qui accompagne le vernissage de l’exposition en dit long. La femme prend « la parole ». Elle s’émancipe des violences qu’elle subit. Elle s’émancipe des différentes pesanteurs psychologiques et sociologiques. Et à Maya Angelou de s’écrier : « M’extirpant des taudis honteux de l’histoire / Hors d’un passé enraciné dans la douleur / Je prends la parole. »

Fortuné SOSSA

11 novembre 2012

Biennale Regard Bénin 2012 : L’envol !

Le gong a sonné. Point de bégaiement. Le gong a sonné le renouveau des arts plastiques au Bénin. Le ciel, au départ assombri, faisant planer un ouragan de type Sandy a fini par laisser place à une nuée de colombes dont l’immaculée blancheur vient vernir la terre. Toutes les rancœurs se sont tues. Je suppose ! Toutes les tentatives de déstabilisation sont rangées. C’est ce que je crois ! Plus de guerre froide. Plus de pique empoisonnée. Plus de divergences.

Chut ! Ici, on crée. L’art s’émancipe. L’art occupe l’espace, tout l’espace pour embellir le regard. L’art est roi. Il renvoie l’artiste derrière lui pour se laisser voir, admirer, convoiter, sublimer, aduler, charmer… L’art est dans la cité à travers cette première édition de la Biennale Regard Bénin. L’art est là, à une intensité qui fait oublier pour de bon l’édition zéro de la Biennale, celle de l’expérimentation. Les œuvres sont d’une beauté légendaire. Toutes les techniques se côtoient. Toutes les tendances frappent à nos portes. Les couleurs bouillonnent. Les formes sont des plus expressives, à des dimensions variables.

C’est la Biennale Regard Bénin qui vient d’ouvrir officiellement ses portes au Centre culturel Artisttik Africa, au quartier Agla à Cotonou, ce samedi 10 novembre.

L’artiste Julien Vignikin est la vedette de l’événement. Ces œuvres, créées sur place, occupent le centre sur plusieurs paliers. Il y a de la matière à profusion. Du beau à voir et à revoir. De l’esthétique à consommer sans lassitude.

Il suffit de se donner la peine d’une visite dans le centre Artisttik Africa et on n’a plus envie de repartir. Julien Vignikin capte toute l’attention par ses belles créations qui jouent entre toile, installation, performance et design. Son travail plonge au cœur de la problématique de l’art contemporain : s’approprier la banalité, le déchet, l’obsolète pour lui donner de la valeur, une vie nouvelle et souvent même éternelle.

L’art de Julien Vignikin synchronise de fort belle manière avec l’avancée du temps. Il mêle des notions temporelles, présent, passé, futur et, d’une certaine façon, abolit les frontières entre ces trois espaces temps. L’œuvre vit et donne à vivre.

Le rendez-vous est pris. Donc un tour au Centre culturel Artisttik Africa et dans trois cents habitations qui accueillent aussi des œuvres artistiques avec le projet AQA (Agla Quartier des Arts).  

Mais la Biennale Regard Bénin s’est aussi installée à l’Imprimerie nationale dans la ville capitale, Porto-Novo. Des artistes venus d’Allemagne, du Brésil, de Cuba et d’autres pays du monde ont complètement changé, grâce à leurs créations, le décor barbon, suintant et abject de ce lieu historique qui porte le sceau du Journal officiel.

La Biennale est également sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi avec les étudiants en histoire de l’art. Elle occupe, par ailleurs, de l’espace au Centre commercial Kora où exposent d’autres artistes internationaux. A cette liste, s’ajoute la Médiathèque des Diasporas où sont présentes des œuvres d’artistes béninois tout aussi talentueux.

La Biennale Regard Bénin, c’est encore plus de sites d’exposition. Il y a à voir, à découvrir et à revoir jusqu’en janvier 2013. Allons ! Allons scruter le génie des artistes citoyens.

Fortuné SOSSA

21 septembre 2012

Sortie du livre portrait "Edem kodjo: un homme, un destin"

Livre_Venance_KonanLe livre "Edem kodjo: un homme, un destin" est un ouvrage biographique de 359 pages écrit par Venance Konan, journaliste, directeur général du groupe de presse Fraternité Matin de la Côte d'Ivoire. L'ouvrage est publié aux Editions Frat Mat en association avec les Editions NEI CEDA et Présence Africaine.

Entre les lignes et les pages de ce livre, Venance Konan présente un portrait très documenté d'Edem Kodjo, ancien premier ministre du Togo, ancien Secrétaire général de l'Organisation de l'Unité Africaine (ancêtre de l'Union Africaine). A travers des témoignages du personnage et de ses contemporains, l'auteur donne à voir un film d'Edem Kodjo, notamment ses rapports tantôt excellents tantôt conflictuels avec l'ex-président de la République du Togo, Gnassingbé Eyadéma. On y découvre aussi la qualité du travail abattu par Edem Kodjo à la tête de l'OUA ainsi que ses nombreuses idées novatrices pour le redressement de l'Afrique. L'ouvrage présente également les coulisses de l'homme en tant qu'écrivain lui aussi et lève un coin de voile sur ses activités intimes.

Dans sa démarche rédactionnelle, Venance Konan a subdivisé son œuvre en quatre grande parties. La première partie est intitulée "Edem Kodjo et Eyadéma"; la deuxième partie porte le titre "Edem Kodjo et l'Afrique"; la troisième est titrée "Kodjo, Eyadéma et les autres"; la quatrième partie est dénommée "Jardins intimes".

"Edem Kodjo: un homme, un destin" est préfacé par Abdou Diouf, Secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Il porte en annexe la "Charte africaine des droits de l'homme et des peuples" initiée sous sa direction et son discours d'adieu de l'OUA qu'il a prononcé le 11 juin 1983.

Fortuné SOSSA

16 septembre 2012

Lutte contre le trafic illicite des objets culturels en Afrique de l’Ouest

Communiqué de presse

La sous-région ouest-africaine, notamment le Sahel, fait face aujourd'hui à un regain de menace du trafic illicite de bien culturels. La situation actuelle au Mali a considérablement accru ce danger, et l'UNESCO se préoccupe particulièrement du patrimoine culturel malien, notamment celui situé dans le Nord du Mali.

D’autres pays de la sous-région sont également la cible des trafiquants et pilleurs et cherchent à se mobiliser davantage en se dotant des capacités juridiques et opérationnelles nécessaires, tant au niveau national qu'à travers une coopération sous-régionale, pour lutter contre ce fléau.

Afin de renforcer les actions de lutte contre le trafic illicite de biens culturels, l’UNESCO-BREDA organise une réunion sous-régionale du 17 au 19 septembre 2012 sur le thème renforcement des capacités et de la sensibilisation à la lutte contre le trafic illicite de biens culturels pour la région de l'Afrique de l'ouest.

La réunion se tiendra à Dakar et rassemblera 40 experts et professionnels venant de 15 pays de la sous-région, y compris des représentants des Ministères de la Culture, des professionnels des musées des juristes, agents de police notamment des bureaux nationaux d'Interpol et officiers des douanes...

Les modules de formation, animés par l’UNESCO et ses partenaires - UNIDROIT, INTERPOL, l’Ecole du Patrimoine Africain et le Musée national du Mali seront axés notamment sur l’application des textes internationaux en la matière et sur l'évaluation des législations nationales. Ils se pencheront aussi sur les diverses modalités de retour et la restitution des objets culturels volés et sur l'utilisation d'outils opérationnels pour la prévention et la lutte contre le trafic illicite dans les domaines des inventaires, de la sécurité des musées et des sites archéologiques.

La réunion se penchera également sur le rôle pivot de la police et des douanes dans la lutte contre le trafic illicite, ainsi que sur l'importance des médias et des mesures de sensibilisation, notamment pour lutter contre les transactions frauduleuses par internet.

La presse est invitée à couvrir la cérémonie d’ouverture le lundi 17 septembre à 9H à l’UNESCO-BREDA  sous la présidence de Monsieur Youssou NDOUR, Ministre de la Culture et du Tourisme en présence de la Directrice de l’UNESCO-BREDA, Mme Ann Therese Ndong-Jatta.

Une conférence de presse sera organisée à l’issue de la réunion, le mercredi 19 septembre à 16h au Breda.

La réunion s’inscrit dans le cadre d’une série de formations organisées par l’UNESCO en Afrique, Amérique Latine et Caraïbes et dans le Sud Est européen afin de renforcer la lutte contre le trafic illicite des objets culturels dans les Etats membres de l’UNESCO.

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11 septembre 2012

Plainte de l’artiste Romuald Hazoumè contre le groupe DHL

Romuald_Hazoum_Bonjour,

Il est rare que j’écrive. Si je le fais aujourd’hui, c’est pour raconter une histoire incroyable, pour la partager avec vous et que vous la partagiez à votre tour. Ce qui m’est arrivé peut arriver à d’autres et il faut être informé.

Du 8 février au 15 mai 2011, l’Irish Museum of Modern Art (IMMA) de Dublin en Irlande a consacré une exposition à mon travail. Cette exposition a ensuite été montrée du 23 juillet au 10 septembre 2011 à la Mostyn Gallery à Llandudno au Pays de Galles.

Pour cette exposition, j’ai prêté un lot de 10 masques, des photos et des peintures de ma propre collection. Les pièces ont voyagé dans 3 caisses, dont une contenait les masques, auxquels je suis très attaché.

En novembre 2011, October Gallery, qui me représente en Grande-Bretagne, me prévient que les trois caisses viennent d’être expédiées de Londres par DHL pour m’être retournée au Bénin où je vis et travaille.

Le 2 décembre 2012, DHL Cotonou m’informe de l’arrivée de 2 caisses, mais la plus petite, celle contenant les masques, manque. Nous avons alors pensé que la caisse était égarée quelque part et qu’au bout de 30 jours, elle serait retrouvée.

Car, normalement, une caisse disparue doit être localisée rapidement car DHL délivre un « airway bill » qui permet de suivre le colis grâce à internet et de savoir où il s’est arrêté en chemin. Leur système de traçabilité permet de le voir. Mais là, aucune trace de la caisse. C’est pas ce que dit leur pub !

Une fois October Gallery informée du problème, elle entreprend une démarche auprès de DHL Londres pour savoir où est passée la caisse. Après 150 emails environ et pas d’avancée, ma galerie londonienne engage un spécialiste pour enquêter. Ce spécialiste envoie un questionnaire à DHL Londres, sans succès. Leur système de traçabilité ne veut toujours pas donner d’indication sur le lieu où pourraient se trouver mes masques.

La caisse aurait dû, comme les 2 autres, partir de Londres mais elle n’est jamais arrivée à Cotonou et personne à DHL Londres ne peut nous dire si elle est bien partie ou alors où elle s’est arrêtée.

Après 2 mois et demi d’échanges, October Gallery a difficilement obtenu l’autorisation d’aller à l’entrepôt de DHL à Londres et à celui de Leipzig en Allemagne (par où passent les envois pour le Bénin) pour chercher la caisse. Malheureusement le jour-J, l’agent de DHL est tombé malade.

J’ai fait intervenir des amis à Londres pour m’aider à atteindre le patron de DHL. En vain. J’ai aussi fait intervenir l’ami d’un ami suisse qui travaille chez DHL en Afrique de l’Est et qui nous a donné le nom de la personne en charge de mon dossier à DHL Londres. J’ai dû activer tous mes réseaux pour obtenir des informations que les agents de DHL auraient dû me donner. Je considère que tous ces gens font mal leur travail. Et DHL nous parle d’« airway bill » ? Quelle traçabilité ? Cela fait 3 mois que ma caisse est portée manquante, DHL nous balade et personne ne peut répondre à ma question : où se trouvent mes masques ?

Où se trouvent mes masques ? La réponse viendra d’un coup de fil d’un monsieur de Dublin qui contacte October Gallery le 15 mars pour me parler personnellement. Pour quelle raison ? Il dit avoir acheté 10 masques lors d’une vente aux enchères d’objets perdus de DHL pour la somme de 40 euros ! October Gallery lui demande d’envoyer un mail, ce qu’il fait en joignant les photos des masques pour nous convaincre qu’il dit la vérité.

Dans son mail, il explique qu’il a vu mon exposition à Dublin et que lorsqu’il assistait à la vente, il a reconnu un masque. Il a pensé que les pièces s’étaient perdues lors du transport et les a achetées. Je lui ai parlé au téléphone et il va restituer la caisse. Nous allons le dédommager et le remercier de nous sauver la mise !

DHL est un grand groupe puissant avec beaucoup de moyens, qui délivrent des paquets et des caisses dans le monde entier. Mais preuve en est que son système est défaillant et que ses employés sont incompétents.

Et non seulement DHL perd une caisse mais il la vend en un temps record aux objets perdus dans un autre pays que celui d’où elle devait partir.

Maintenant j’attends avec impatience de réceptionner la caisse et de voir quelles sont les étiquettes encore collées dessus : à l’origine, il devait y avoir celle de l’expéditeur à Londres et la mienne à Cotonou.

Je précise que pendant tout ce temps, October Gallery et moi-même n’avons pas contacté l’assurance car l’argent ne m’intéresse pas. Ce sont des pièces d’art, qui ont notamment été montrées à la Documenta 12, et ce que je voulais, c’était les récupérer. C’est désormais chose faite. Mais pas grâce à DHL !

Romuald Hazoumè

4 septembre 2012

Entretien avec Ousmane Alédji au sujet de la Biennale Regard Bénin

« Nous n’allons pas nous laisser déposséder aussi facilement de notre projet »

La Biennale de l’art contemporain Regard Bénin, projet ambitieux devant converger les Regards et les attentions à partir du 08 novembre prochain vers la vitrine Bénin bat de l’aile. Certains membres de son Conseil d’Administration ont démissionné Ousmaneet sont sur le point de lancer une Biennale concurrente pour les mêmes dates, avec les financements négociés et obtenus par l’Association qu’ils ont quittée. La polémique est vive. Certains responsables administratifs, politiques et diplomatiques sont pointés du doigt comme acteurs et complices de cette confusion pour le moins déplorable. Ousmane Alédji, Directeur de l’Association Regard Bénin, organisatrice de la Biennale originelle clarifie et prévient sur un ton à la limite menaçante. Interview.

Vous êtes membre du comité d’organisation de la biennale de l’art contemporain devant se tenir à partir du 08 novembre prochain. Mais à la date d’aujourd’hui, des doutes persistent sur la tenue effective de cet événement. Il y a même une confusion sur sa dénomination. A l’édition zéro, c’était Biennale Regard Bénin mais cette fois on entend parler de Biennale Bénin tout court. Quelle est la dénomination réelle de cette biennale ?

Cette biennale s’appelle officiellement Biennale Regard Bénin. C’est autour de cette biennale que s’est constituée l’Association Regard Bénin. C’est un label qui reflète l’esprit fondateur de cette activité, ‘’attirer les attentions et les regards vers la vitrine Bénin’’. Ce projet est pensé pour jouer un rôle important dans le rayonnement de notre pays au niveau international. Ce nom n’a donc pas été choisi par hasard, mieux il a été officialisé par un arrêté ministériel à la suite d’une série de séances de travail que nous avons eue au ministère en charge de la culture. Il se trouve malheureusement certains compatriotes assez patriotes pour saboter nos acquis. Ce sont eux qui sèment la confusion dans les esprits. Nous espérons bien leur faire entendre raison.

La tension persiste donc. Pourquoi ?

Le conseil d’administration a reproché à l’un de ses membres d’avoir usurpé des titres pour obtenir des privilèges et des faveurs auprès de nos partenaires et le leur a signifié dans une lettre de recadrage qui leur a été envoyée. Ce dernier a estimé que le Conseil l’a humilié et a démissionné. Il a emmené avec lui certains de ses amis. Ils sont allés par la suite constituer un ‘’consortium’’ de démissionnaires pour foutre le désordre.

Ne sont-Ils pas libres de démissionner et de se regrouper autour d’un projet ?

Ecoutez… cette personne représentait le ministre de la culture de l’époque au sein de notre association. Les deux ont été emportés par un remaniement ministériel. Nous attendions que sa remplaçante vienne  siéger à sa place et il vient nous dire : « je démissionne et je pars avec le projet. Vous pouvez venir avec moi si vous voulez… » (Sourires)  Libres de partir, certainement ! Se regrouper autour d’un ‘’autre’’ projet… oui ! Mais pas d’emporter avec eux notre projet à nous, de s’en réclamer propriétaire et de le mettre en œuvre à notre place. J’appelle cela un hold-up. Et, croyez-moi, nous n’allons pas nous laisser déposséder aussi facilement.

Qu’est-ce qui, selon vous, pousse ces personnes à agir ainsi ?

A votre avis … ?

Soyez précis, monsieur Alédji ?

C’est à cause de l’argent ! Je pense aussi que dans nos mentalités, il y a des restes de la période des agenouillements impudiques. Vous voyez vos amis et vos frères s’étaler parterre devant des gamins, des gens que vous avez formés, qui sont venus faire leur stage de fin de formation chez vous. Au début cela me choquait maintenant je souris.

Pour de l’argent ?

Oui. Je ne vous apprends rien, n’est-ce pas ?

Vous reconnaissez indirectement qu’une biennale d’art est aussi une aubaine !

 

Il y en a toujours pour s’en mettre plein les poches et qui sont prêts à tout pour de l’argent.

Ne craignez-vous pas que les démissionnaires disent la même chose contre vous ?

Pardon ??? Ne plaisantez pas s’il vous plait. Le sujet dont nous parlons est très grave. Je suis le plus jeune collectionneur d’art au Bénin. Vous pouvez vous renseigner. J’ai mis plus de mon temps, de mon énergie et de mon argent dans l’art que tous ces démissionnaires réunis. Depuis vingt deux ans je fonctionne à la conviction et à la passion. Ils le savent tous. Voulez-vous vraiment que je vous parle de ce qui se passe ? J’ai conservé tous les courriers qu’on s’échange depuis que cette crise a commencé. Si je vous les donne il y a des gens qui vont fuir ce pays.

Pour faire une biennale, il faut des moyens ?

Ceux qui les encouragent le leur donnent. Mieux, ils mettent la pression sur le gouvernement pour prendre de l’argent public en toute illégalité. Je me demande même si le ministère ne s’est pas déjà compromis en autorisant des décaissements frauduleux de fonds publics au profit de ce consortium. Je m’interroge parce qu’à la date d’aujourd’hui, même moi, l’un des directeurs de cette biennale, je n’ai jamais reçu le projet ni le budget. Comment sortent-ils de l’argent ? Ets-ce normal ?

Vous parliez du ministère de la culture. Dans un précédent entretien vous sollicitiez l’arbitrage du ministre actuel et nous savons que le ministre est intervenu...

Pour rien malheureusement. J’ai pu le constater à mon grand désarroi et avec  tristesse. Il a réagi  comme pris dans le piège d’intérêts antagonistes, béninois et étrangers. Hors, il ne devrait pas être en difficulté puisque c’est un ministre de la République du Bénin. Je vous ferai si nécessaire un point détaillé de ce qui a été dit et des décisions qui ont été prises au moment opportun. Avec des preuves bien sûr. Disons que pour l’instant tout n’est pas perdu. Nous pouvons encore y arriver. Ensemble.

Avec les démissionnaires ?

Avec les démissionnaires, les artistes béninois, le ministère, les partenaires et la presse. Il y a de la place.

Croyez-vous que le ministre peut encore faire quelque chose ?

Il est obligé. Sinon nous l’accuserions de complicité de vol de projet et de bradage des intérêts béninois. De toutes les façons, il ne pourra pas dire qu’il n’est pas au courant de ce dossier ou encore qu’il ne savait pas. Je lui ai adressé un courrier « confidentiel et personnel » de quatre pages pour lui faire comme un mémoire de tout ce qui se passe. C’est une adresse à l’autorité. Donc je le laisse pour l’instant s’en inspirer pour continuer son arbitrage. Toujours est-il qu’à la date d’aujourd’hui rien n’est fait comme prévu, rien ne se fait comme cela a été arrêté, validé par tous. L’Association Regard Bénin existe et est régulièrement déclarée et publiée au Journal Officiel. A l’heure où je vous parle, j’attends qu’on me montre l’acte de naissance officiel de ce ‘’Consortium’’ de démissionnaires.  Alors, au nom de quoi et en tant que qui ils vont toucher des fonds publics, qu’ils soient internationaux ou nationaux?

Dans votre propos, vous semblez pointer d’un doigt accusateur un partenaire, un service de coopération étranger.

Non. Vous avez cru entendre cela. Tenons nous-en aux personnes ; du moins, pour l’instant. Les services de coopération étrangers au Bénin connaissent aussi des dysfonctionnements. Quelques fois il y a juste un bureau et deux ou trois personnes qui commettent aussi des maladresses. Ce sont des gens que nous connaissons bien. Font-ils fidèlement le compte rendu de la réalité des choses à leur hiérarchie ? Je n’en suis pas sûr. Je ne vois pas un ambassadeur cautionner un système qui vole et qui dépossède une association locale comme la nôtre de son projet. J’ai lu son entretien dans un journal de la place, il citait en exemple nommément la biennale Regard Bénin, au titre des projets qu’il souhaite accompagner. J’ai voulu lui adresser une lettre ouverte pour lui annoncer qu’il existe au Bénin une Association qui s’appelle Regard Bénin, qui organise déjà cette biennale et que nous n’avons reçu aucune réponse aux nombreux courriers que nous avons adressé à ses services. Lui dire que nous n’apprécions pas qu’il parle dans la presse de notre projet avant nous sans se rapprocher de nous.

Vous n’avez plus publié la lettre ouverte ?

Non.

Pourquoi ?

‘’Sous l’effet de la colère, suspendez l’acte’’ m’a-t-on conseillé. Envoie lui la lettre mais ne la publie pas. Au final, je n’ai fait ni l’un ni l’autre.

Vous avez reculé.

C’est votre façon de voir. Moi je crois que le temps est un tamis incorruptible.

Il parait que le directeur artistique est un français imposé par l’institut français.

Oui. Un français d’origine marocaine, imposé… je n’en ai pas la preuve. Ceux qui sont à l’aise dans leur rôle de faire-valoir pourront vous en dire plus à ce sujet.

Pouvons-nous dans ces conditions affirmer que la biennale aura lieux ?

Absolument ! Qui va nous empêcher de la faire ? Nous avons déjà signifié aux démissionnaires qu’ils n’ont plus le droit d’utiliser l’un quelconque de nos attributs ; que s’ils continuent de faire les couloirs pour aller s’accaparer de nos ressources et semer la confusion dans les esprits, ils vont en répondre devant la justice. La prochaine étape sera de leur reprendre l’argent public qu’ils ont indûment reçu. Il y a des lois dans ce pays, heureusement. Notre programmation est bouclée depuis sept mois. Certains des artistes étrangers sont venus faire de la prospection. Si nous n’avions pas été distraits par tout ceci nous aurions démarré la communication de cette biennale. Nous aurions lancé le programme « Agla Quartier de l’Art (AQA) », un programme qui va mobiliser trois cent foyers du quartier Agla autour de l’art pendant quatre mois. J’ai vu le Maire de Porto-Novo, il attend nos propositions. Les artistes sont prêts etc… nous avons assez tergiversé. Maintenant nous allons avancer. Et nous avancerons contre vents et marrées, avec où sans moyens.

Vous n’entendez donc pas démordre ?

Démordre… laisser les démissionnaires s’en aller avec notre projet ? Certainement pas. Si nous laissons faire des choses comme cela, ils mettront bientôt notre pays aux enchères. L’objectif c’est que cette biennale se tienne dans un meilleur esprit. Nous faisons tout pour éviter de le sacrifier. Sur l’objectif nous ne céderons rien. La Biennale Regard Bénin aura lieu avec des vrais artistes et des partenaires qui respectent notre projet et nous accompagnent réellement. Je le redis une fois de plus, ce projet est le nôtre et nous n’accepterons pas des partenaires-propriétaires qui dictent tout, décident de tout, imposent tout.

Propos recueillis par Fortuné Sossa

1 août 2012

Communiqué de presse sur la Route des pêches

L’Association des Journalistes Culturels du Bénin (AJCB) se réjouit de la signature de l'accord de prêt de 12 milliards de francs CFA entre le Gouvernement du docteur Boni Yayi et la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) en vue du démarrage effectif du projet « Route des pêches ». Les infrastructures routières, hôtelières, ludiques, balnéaires, etc. à ériger le long de ce corridor reliant Cotonou à Ouidah fera de la capitale économique une destination éco-touristique phare dans la sous région. Ce qui aura un impact très positif sur les finances publiques étant entendu que, déjà, le tourisme est pour le Bénin la deuxième plus grande source de revenus.

Par ailleurs, des études ont conclu à une très haute rentabilité de l’opération notamment en termes financiers et de création d’emplois durables. Par exemple, plus de neuf mille (9000) emplois directs seront créés avec des effets indus sur la filière BTP et l’économie locale ; cent quatre vingt-onze (191) milliards  de FCFA de recettes pour l’Etat béninois, soixante (60) milliards de flux de trésorerie, 25% de taux de rentabilité pour les aménageurs privés, 15 à 17% pour les hôteliers et autour de 20% pour les clubs et ressorts.

Cependant, l’AJCB voudrait attirer l’attention du Gouvernement afin qu’une fois ces infrastructures réalisées, la « Route des pêches » ne devienne pas la plaque tournante du tourisme sexuel. Car, c’est souvent le cas dans la plupart des pays africains qui disposent de sites touristiques de cette envergure. Plus grave, ces genres d’infrastructures touristiques sont généralement le nid d’Occidentaux pervers, pédophiles et homosexuels. Le Bénin a beaucoup à y gagner en préservant la dignité de son peuple, à n’importe quel prix.

Fait à Cotonou le 1er Août 2012

                                                                                                                                                        Le Président

Fortuné SOSSA

29 juillet 2012

Des femmes africaines bientôt formées à la photographie d’art au Bénin

Princesse Tissot

La quatrième édition de la Résidence panafricaine de création et de formation en photographie d’art au féminin (Rephart) se tiendra au début de l’année 2013. Déjà, la directrice de la Résidence, Princesse Esther Tissot, s’atèle pour une organisation sans faille de cet événement. Elle vient de procéder au lancement à Cotonou de l’appel à candidature.

Pourront prendre part à Rephart 2013, des femmes photographes en début de carrière, amatrices expérimentées, confirmées ou professionnelles. Les intéressées ont jusqu’au 25 novembre prochain pour envoyer leur dossier de candidature à l’Association Beauté du Royaume par la poste à l’adresse 08 BP 348 Tri postal Cotonou ou par courrier électronique à l’adresse email beauteduroyaume@yahoo.fr. Le dossier de candidature devant être composé d’un curriculum vitae, d’une attestation de fin d’apprentissage ou d’un diplôme photographique, d’une lettre de motivation, d’un engagement d’auteur des œuvres et d’une photocopie de sa carte d’identité ou de son passeport.

Organisée pour encourager et faire découvrir les talents photographiques féminins, Rephart est une biennale qui se tient dans la cité historique Abomey au Bénin depuis 2007. Elle dure un mois composée d’une formation théorique et pratique, de la descente des participantes sur le terrain pour le captage des images et enfin de l’exposition des meilleures œuvres. L’édition 2013 se déroulera autour de la thématique « Femmes rurales ». Cinq distinctions majeures sont prévues. Il s’agit des trophées Amazone d’honneur, Amazone d’or, Amazone d’argent, Amazone de bronze et Amazone d’image.

Fortuné SOSSA (fortunart.afrikblog.com)

26 juillet 2012

Médias : « Fédérer, Former, Faciliter », Fortuné SOSSA et son triple objectif

Depuis le 25 mai 2012, l’Association des Journalistes Culturels du Bénin (AJCB) a un nouveau président. Elu par ses pairs lors de l’Assemblée Générale ordinaire organisée à la Médiathèque des diasporas, Fortuné SOSSA hérite d’une association qui peine à maintenir sa suprématie dans un contexte de création de nouveaux regroupements de journalistes culturels. Mais, pour les trois années que durera son mandat, le nouveau président élu semble avoir trouvé la formule magique pour redonner à l’AJCB toute sa renommée d’antan. Une formule qui peut se résumer en trois mots : Fédérer, Former, Faciliter. Entretien.

Pourquoi avoir décidé de vous porter candidat pour diriger l’AJCB ?

J’ai été candidat à ce poste parce que beaucoup de confrères ont vu en moi un leader. Ils ont vu en moi quelqu’un qui peut vraiment porter leur parole, leur projet et leur vision. Ils sont allés vers moi, ils m’en ont parlé. Il y a aussi le fait que j’ai un parcours non négligeable en tant que journaliste culturel. J’étais présent dans un certain nombre de rencontres de haut niveau en Afrique comme ailleurs. J’ai participé à bon nombre de festivals, de colloques. Et je suis quelqu’un qui prend la parole quand il s’agit de prendre la parole, qui fait des propositions que beaucoup trouvent quand même judicieuses. Après analyse, je me suis aussi dit que je peux prendre cette responsabilité et l’assumer jusqu’au bout. C’est ainsi que j’ai vraiment décidé de me présenter à l’élection et l’unanimité s’est fait autour de ma candidature.
Comment s’est déroulée l’élection ?

L’élection s’est déroulée à la médiathèque des diasporas qui abrite le siège de l’association, depuis sa création en 2000. C’était au cours d’une assemblée générale ordinaire statutaire. Tout le monde n’a pas pu y participer parce qu’il est dit clairement que pour être participant, il faut être à jour des cotisations. Certains n’ont pas pu payer leur cotisation et ils n’ont pas reçu mandat pour venir. Nous étions donc une vingtaine à prendre part à cette assemblée générale qui avait entre autre pour ordre du jour, le renouvellement du bureau. C’est à ce renouvellement du bureau qui s’est fait suivant les règles de l’art et par bulletin de vote secret que j’ai été élu président de l’association.

Vous êtes donc le nouveau président de l’AJCB depuis le 25 mai dernier. Qu’est ce qui va changer ?

L’AJCB existe depuis 2000 mais depuis un moment elle a commencé par ne plus se faire réellement sentir sur le terrain. Le bureau qui m’a précédé faisait un certain nombre d’activités mais il n’y avait pas une large communication autour. De fait, pour beaucoup cette association n’existait plus. Certains confrères ont même créé de nouvelles associations ou réseau de journalistes culturels. Il y en a pratiquement trois aujourd’hui indépendamment de l’AJCB. Tous ces réseaux sont nés il y a un, deux ou trois ans maximum. C’est au vu de tout cela que nous avons dit qu’il faut redonner du sang neuf à l’Association des Journalistes Culturels du Bénin, lui faire retrouver ses lettres de noblesse. Ce qui va changer, c’est déjà la communication. Ensuite la formation. Nous préparons déjà un certain nombre de projets et d’ici peu, il y aura une formation pour les journalistes culturels. Parce que nous allons mettre l’accent sur le renforcement des capacités des journalistes culturels. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a beaucoup de débats autour de cette question. Les publications des journalistes culturels ont souvent été l’objet de critiques. Nous allons mettre l’accent sur le professionnalisme, sur comment rendre les journalistes culturels vraiment professionnels, faire d’eux des critiques d’art.

Vous venez de le dire, d’autres réseaux et associations de journalistes culturels ont été mis sur pied parallèlement à l’AJCB. Pensez-vous que l’AJCB soit toujours légitime pour parler au nom de tous les journalistes culturels du Bénin ?

L’AJCB était, à une époque donnée, considérée comme l’association faîtière. Tous les journalistes culturels du Bénin se reconnaissaient membres de l’AJCB et avaient une fierté à se réclamer membre de cette association. Mais du moment où l’association a commencé par sommeiller et que certains ont vu qu’il y a des opportunités qu’ils peuvent capter à tel ou tel endroit s’ils se mettent en réseau, de nouveaux regroupements sont nés. Ceci met déjà en cause notre légitimité. Mais il faut dire que certains membres et responsables de ces réseaux étaient à l’assemblées générale dernière de l’AJCB. Cela veut dire que tout en ayant créé d’autres creusets, ils se reconnaissent toujours comme membre de l’association qui est la première, l’association mère. C’est par rapport à cela que nous avons dit que notre combat, c’est de ramener tout le monde à la maison qu’est l’AJCB. Nous n’allons pas combattre l’existence des réseaux qui sont nés, loin de là. Nous allons travailler avec eux et inviter chaque fois tout le monde autour de nos activités. Les réseaux aussi vont travailler suivant leurs objectifs. Ça ne nous empêche rien. Mais aujourd’hui, l’AJCB est toujours considérée comme l’association la plus forte. Si demain, on constate que ces structures s’imposent, nous pouvons aller à une fédération des journalistes culturels du Bénin. Mais pour l’heure, l’AJCB demeure l’association la plus forte et sans nul doute la plus légitime.

Ne se pose-t-il pas également le problème de l’appartenance des journalistes culturels béninois à l’association. Déjà qu’ils ne sont pas très nombreux. Pouvez nous dire aujourd’hui, combien de membres compte l’AJCB ?

A l’avant-dernière Assemblée Générale, on tournait autour de 40 membres, je crois bien. Mais je précise que ce chiffre correspond aux membres officiels. Sinon, tout journaliste culturel béninois se considère comme membre mais il y en a qui n’ont jamais fait les formalités de d’adhésion.
Devrions-nous considérer que nous avons au moins une quarantaine de journalistes culturels au Bénin ?

Oui, mais il faut nuancer. Il y a des organes où le patron ne permet pas au journaliste de se spécialiser rien que dans le traitement de l’information culturelle. Les collègues sont donc obligés d’animer à la fois les rubrique Culture, Société, Sport et autres. Mais nous travaillons de plus en plus à tendre vers la spécialisation.

Ceci nous amène à nous intéresser à la pratique du journalisme culturel au Bénin. Quel est l’état des lieux de ce secteur ?

J’avoue qu’il y a beaucoup de travail encore à faire. Il y a deux catégories de journalistes culturels au Bénin. Il y a des journalistes culturels qui ont un niveau de culture assez appréciable. Ils savent écrire, apprécier les œuvres et le démontre à travers leurs écrits et leurs productions, qu’ils soient de la presse écrite ou de l’audiovisuel. Mais à côté de ceux-là, il y a encore des journalistes culturels qui ont des difficultés à présenter de bons travaux. Ils n’arrivent toujours pas encore à démontrer à travers leur plume et leurs productions qu’ils ont de la matière …

Doit-on considérer cette deuxième catégorie de journalistes dont vous parlez comme des journalistes culturels puisque, comme vous le dites, ils ne maîtrisent pas les spécificités de leur domaine ?

Je comprends ce que vous dites mais le problème est à deux niveaux. Ils sont employés par des organes qui les considèrent comme des journalistes culturels et eux même se considèrent comme des journalistes culturels. Le débat s’est fait avec l’ancien bureau de l’association. Certains confrères ont été choqués qu’on leur fasse des reproches, qu’on les interpelle sur leur style. Cela a même amené des crises entres personnes. Il y a aussi qu’en venant dans le métier, on nous apprend que le journaliste, c’est quelqu’un qui va à la recherche de l’information, qui la traite et la diffuse. À partir de ce moment on ne peut pas leur denier le titre de journaliste culturel.

Il existe donc un problème de clarification du concept de ‘journaliste culturel’. Selon vous, qui peut-on considérer comme étant journaliste culturel au Bénin ?

Le journaliste culturel au Bénin, c’est ce journaliste qui va à la quête de l’information culturelle, qui la traite et la diffuse. Maintenant, le problème qui se pose est de savoir quelle est la qualité du traitement de cette information. Est-ce que la manière dont le journaliste traite l’information est vraiment professionnelle ? Tout le problème est à ce niveau. Et c’est pourquoi nous, au niveau de notre bureau, nous voulons mettre l’accent sur le renforcement des capacités. Nous allons initier avec des partenaires que nous sommes déjà en train de cibler, une série de formation sur l’écriture journalistique en matière de culture. Parce que le journalisme culturel est très complexe, c’est comme le journalisme sportif. Ce n’est pas parce qu’on a écrit une phrase sur une œuvre d’art ou qu’on a écrit une phrase sur un artiste, qu’on est journaliste culturel, non. Malheureusement, il est difficile de reprocher aux amis, un certain nombre de choses. C’est comme si on faisait le pédant. Nous aussi, on a été formé sur le tas. Aujourd’hui, je m’excuse de le dire, nos confrères viennent dans le métier parce qu’ils ont appris qu’on y gagne des perdiems. Cet aspect a tellement semé de la confusion au niveau d’un certain nombre de confrères que leur propre formation ne les préoccupe plus. Et cela se ressent dans les productions.

N’est-ce pas aussi parce qu’ils ne sont pas motivés ? Par exemple, par un prix que décernerait l’AJCB aux meilleurs journalistes culturels chaque année.

Nous avons ce projet. Mais je pense que le BGA (Benin Golden Awards, ndlr) essaie déjà quelque chose par rapport à cela. Nous avons ce projet mais pas pour 2012 parce que nous venons de prendre les rennes et nous voulons nous occuper d’autres priorités pour l’heure. Mais je pense qu’en 2013, nous allons lancer cela. Et ce sera une rencontre très conviviale où on va se dire des choses entre journalistes culturels.

Selon certains journalistes culturels, l’autre chose qui fait défaut à l’association est sans nul doute un site internet pour relayer les publications de ses membres. Comptez-vous y remédier ?

Oui. Même si nous avons pris les rênes de l’association il n’y a pas si longtemps que ça, nous y pensons. Nous venons d’ailleurs de créer une page Facebook pour l’association où beaucoup de personnes s’inscrivent déjà. L’association avait un forum d’échanges qui est maintenu. Nous sommes en train de rechercher un partenariat pour mettre en place le site de l’association. Je puis vous dire que ce sera effectif cette année.

En 2008, l’AJCB a pris une part active dans l’animation d’un portail d’informations culturelles mis en ligne dans le cadre du PSICD (Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles Décentralisées) de l’Union Européenne. A la fin du programme, ce portail a été remis au Ministère de la Culture pour sa pérennisation. Mais déjà dans la salle, vous disiez que cet acte signifiait la mort du site. Aujourd’hui, le site n’existe plus. Quelle est la part de responsabilité de l’AJCB ?

Quand le portail culturel Artbenin.com a été remis à la Directrice Adjointe de Cabinet du Ministère de la Culture d’alors (Mme Sylvie Do Rego, ndlr), j’ai effectivement dit que ce site était parti pour disparaître. Mais dans la salle, elle a rassuré tout le monde. Elle a promis que quelques semaines plus tard, elle allait rencontrer tous les acteurs pour discuter de comment animer le site. Tous les trois mois jour pour jour après cette cérémonie, je publiais un article pour rappeler à tous que le site s’en va disparaître. Je l’ai fait après trois, six et neuf mois. Le jour où le site a disparu, je l’ai encore écrit. C’était un combat individuel et je n’étais même pas responsable au sein de l’AJCB. C’est après la disparition du site que les responsables de l’association se sont mobilisés pour écrire au Ministre de la Culture d’alors (Galiou Soglo, ndlr) et ils ont été reçus en audience. J’étais aussi à cette audience car ils m’ont invité. A cette rencontre, le ministre a fait les mêmes promesses que sa DAC. Mais rien n’a bougé avant son départ du gouvernement. Mais je crois que le site est en train de renaître. L’association qui doit le gérer est connue et a déjà signé un contrat. Il s’agit de Innov’art Bénin. Et pour l’animation en information, Innov’art Bénin a fait appel à l’AJCB et aux autres réseaux de journalistes culturels qui se mettront à la tâche pour pourvoir le site en information.
Sur quoi voulez-vous être évalué à la fin de votre mandat ?

Au moment où je me portais candidat à poste, j’ai élaboré un mini mémoire que j’ai distribué à tous les participants. Un document qui parle des priorités de mon bureau. Et j’ai dit que je souhaite être évalué par rapport à ce document. Nous allons renforcer les capacités des journalistes culturels, nous allons leur redonner confiance par rapport à l’AJCB et nous allons amener les acteurs culturels à les respecter.

Propos recueillis par Eustache AGBOTON (www.benincultures.com)

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